12

 

Un vent glacé souffla au visage de Gosseyn.

Aussi loin que l’on pouvait voir, il n’y avait que des pics enneigés. Et, juste en dessous de la corniche où ils se trouvaient, coulait un torrent dont les rives étaient couvertes de glace.

Il vit que le petit garçon contemplait cette scène, les yeux écarquillés. Une rougeur envahissait ses joues blanches. Ce pouvait être dû à cette bise qui traversait toute cette aberration et s’imposait sur un nouveau plan de réalité.

Un long silence s’installa. Puis la voix excitée du petit garçon s’éleva :

— Oh ! là ! là ! c’est quelque chose, ça !

Tandis qu’il parlait, le vent souffla plus fort et plus glacial. Gosseyn sourit d’un air résolu et dit :

— Oui, c’est vraiment… quelque chose.

Sa Majesté Impériale semblait ne rien entendre et ne rien sentir. Son excitation monta encore de plusieurs degrés.

— Mais qu’est-ce qu’on fait dans un endroit comme ça ?

Il était facile de voir que ce petit garçon avait dû, toute sa vie, être protégé des températures excessives. Aussi Gosseyn se dit-il qu’une petite explication serait peut-être la bienvenue.

— Comme nous allons demeurer ici un certain temps, à cause de la bataille qui se déroule là-bas… (il fit un geste vague en direction du navire dzan, à des années-lumière de là)… il faut que tu saches que ce que tu vois là est une région reculée d’une planète plongée en plein hiver. On ne voit, d’ici, aucun signe de civilisation.

— Il y a quelque chose par là, dit le petit garçon en montrant du doigt. Lorsque vous êtes arrivé, j’étais là depuis vingt minutes, et j’ai vu quelque chose briller quand il y avait encore du soleil.

Gosseyn suivit des yeux le doigt pointé vers le torrent qui coulait à leurs pieds, à un kilomètre de là. À l’endroit où la rivière et sa vallée tournaient, une tache sombre se détachait sur la neige.

Était-ce le premier bâtiment d’un village situé au-delà du méandre ?

C’était assez loin, mais s’ils restaient en ce lieu, il leur faudrait se diriger dans cette direction.

— Espérons que tu ne t’es pas trompé. Il faut que nous trouvions un abri avant que la nuit tombe.

Encore indécis, il leva les yeux vers le nuage qui dissimulait le soleil. C’était une masse noire qui recouvrait presque tout le ciel. Quel dommage ! Cela l’aurait intéressé de savoir quel type d’étoile c’était.

L’air semblait encore plus glacé qu’au moment de son arrivée. Il était temps de se mettre en route.

Tandis que tous deux descendaient en glissant la pente glacée, Gosseyn Trois s’interrogeait intérieurement sur la situation.

Cet endroit où l’enfant et lui venaient d’arriver devait être l’une des zones photographiées à vingt décimales par Gosseyn Un ou Gosseyn Deux. Un emplacement que l’un d’eux avait utilisé, pour une raison quelconque, dans le passé.

Mais dans ses propres souvenirs des voyages des précédents Gosseyn, il ne trouvait aucune montagne enneigée. La mémoire qu’il partageait avec les deux premiers Gosseyn ne comprenait aucune image mentale d’une scène semblable à celle-ci.

Ce n’était qu’un mystère, bien sûr, et pas une catastrophe. Il pouvait, à tout moment, décider d’utiliser son cerveau second, mais il ne pouvait prévoir ce qui en résulterait.

Après tout, il avait eu l’intention de retourner à l’appartement impérial pour venir en aide à Strala et aux visiteurs qui avaient été transportés à bord par Gosseyn Deux. Mais il avait pensé à Enin et, il ne savait pourquoi, son cerveau second défectueux l’avait transporté là où se trouvait le petit garçon, sur cette planète glacée.

C’était peut-être la Terre. Gosseyn, qui descendait en tenant l’enfant par la main, se sentit soudain plein d’espoir et regarda attentivement autour de lui. Il prit une grande bouffée d’air. Bien que glacé, il ressemblait exactement au souvenir qu’en gardait la mémoire du groupe. Les pics enneigés, le torrent à demi enfoui sous la glace constituaient sûrement une variation d’un millier de scènes semblables que l’on pouvait voir dans de nombreuses régions montagneuses de la Terre.

Cette espérance l’occupa pendant au moins une centaine de mètres. Puis il glissa successivement l’une et l’autre de ses mains dans la partie supérieure du vêtement ample que Voix Un et Deux lui avaient enfilé.

Son corps était encore chaud. En les mettant une par une en contact avec lui, il réussit à garder ses mains vaguement tièdes. Mais lorsqu’il découvrit avec quelle lenteur ils descendaient la pente, il se dit qu’ils n’étaient pas du tout habillés pour ce climat.

Quelques minutes plus tard, le moment de prendre une décision arriva lorsque le petit garçon se mit à geindre.

— Je n’en peux plus… je n’en peux plus… il fait trop froid. Je suis gelé.

Ils étaient arrivés sur une large saillie de la roche et s’y arrêtèrent. Ils se mirent à battre la semelle, comme font les gens qui ont froid et qui essaient de rétablir leur circulation.

Le paysage était toujours magnifique. Malheureusement, voir de tous côtés des milliers de belles configurations de glace et de neige signifiait qu’ils avaient encore un long chemin à faire. Gosseyn estima qu’ils étaient à quatre cents mètres au-dessus du niveau de la rivière.

Il se souvint alors que, lorsque Gosseyn Deux et ses amis s’étaient préparés au Grand Saut, ils avaient effectué trois tests préliminaires.

Tout d’abord, Leej avait prédit un emplacement sur la Terre ; puis Gosseyn avait pris la photographie de ce que son cerveau second voyait, au niveau des particules, dans les cellules cérébrales de Leej concernées par cette prédiction.

Ils avaient fait la même chose sur une planète inconnue, dont Leej avait prédit l’existence, et sur sa planète natale, Yalerta. Lorsque ces tests s’étaient révélés satisfaisants, Leej s’était enfin livrée à la prédiction d’un emplacement situé dans l’autre galaxie.

Cette planète, où Enin et lui avaient atterri, pouvait être l’un de ces lieux où avaient été effectués les tests préliminaires et où personne ne s’était vraiment rendu. Était-ce la Terre ? Était-ce Yalerta ? Ou la planète inconnue ?

Impossible de le savoir immédiatement. Mais s’il s’agissait de la Terre ? Il y avait plusieurs éventualités, toutes imprécises.

Il continua de taper des pieds et de se frotter les mains. Et reconnut, à contrecœur, que si le petit garçon et lui avaient déjà tellement froid, ils n’auraient aucune chance d’atteindre l’endroit éloigné où la rivière faisait un coude. Leurs corps gelés semblaient déjà incapables de les mener jusqu’au bord du torrent.

Cependant il comprenait déjà mieux l’erreur de transmission qui l’avait amené ici. Il allait apprendre à contrôler ce phénomène, analyser ces accidents et en tirer quelque chose de positif. Mais l’enfant avait été vingt minutes de plus que lui sur ce monde glacé. Deux choses l’avaient sauvé jusqu’à maintenant. Le soleil brillait lorsqu’il était arrivé, et sa combinaison était plus chaude que son propre vêtement.

Malheureusement, ces avantages particuliers avaient épuisé leur efficacité. Le moment était venu de tenter autre chose.

Gosseyn prit la main glacée de l’enfant et la serra. La tenant toujours ainsi, afin de s’assurer son attention, il lui dit gravement :

— Écoute, Enin, toi et moi possédons des pouvoirs exceptionnels. Il faut trouver, sur-le-champ, le moyen de déclencher l’une des décharges électriques que tu sais produire.

L’enfant secoua la tête d’un air morne.

— Elles ne peuvent provenir que d’une source d’énergie déjà existante. Un nuage chargé de foudre ou un fil électrique où passe le courant.

Gosseyn hocha la tête.

— Ces nuages là-haut… et cet arbre ici, mets-y le feu !

L’arbre tordu qu’il désignait mesurait six mètres de haut. Il tendait ses branches dénudées par l’hiver et se penchait au-dessus de l’à-pic.

Gosseyn attendit en silence pendant que le petit garçon contemplait l’arbre puis levait les yeux vers les nuages.

— Y a-t-il des éclairs en hiver ? demanda Enin d’un air de doute.

— Oh ! s’exclama Gosseyn.

C’était une question que ne s’était jamais posée aucun des Gosseyn. À regret, il se rendit compte que sur Terre, au moins dans l’esprit des gens, la foudre était associée aux nuages d’été.

— Je crois que tu as raison, dit-il.

Il s’attela aussitôt à une autre possibilité.

— Si cette tache plus sombre est vraiment un bâtiment, et s’il y a des fils électriques à l’intérieur, peux-tu agir à cette distance ?

En silence, le petit garçon regarda fixement dans la direction indiquée. Il y eut une pause ; pas très longue.

Brusquement, Gosseyn entendit un crépitement, et l’arbre prit feu !

Quelques minutes plus tard, ils étaient encore en train de se réchauffer en se tenant aussi près des flammes que possible. L’arbre brûlait avec suffisamment d’intensité ; et même lorsqu’il ne fut plus qu’un squelette noirci, il continua à dégager de la chaleur.

Mais se réchauffer passa bientôt au second plan. Gosseyn s’aperçut que son petit compagnon jetait des regards inquiets vers la vallée.

— Regardez ! dit-il en montrant quelque chose du doigt. C’est bien ce que je craignais.

Dans la direction qu’il indiquait, Gosseyn aperçut une colonne de fumée, à un kilomètre et demi de là ; la tache noire était donc bien une habitation.

— L’électricité que j’ai attirée ici, expliqua Enin, a provoqué un incendie lorsque je l’ai forcée à quitter les fils.

Il semblait très ennuyé, et Gosseyn se dit que l’enfant impérial, maintenant qu’il était loin de son milieu habituel, semblait avoir acquis les qualités morales d’un enfant bien élevé de douze ans, capable de reconnaître le bien du mal.

Enin ajouta :

— Lorsque nous arriverons là-bas, il n’y aura plus de bâtiment où s’abriter.

Gosseyn contempla en silence le voile de fumée noire qui s’élevait dans le ciel, et pensa à regret :

« Eh bien, il n’est peut-être pas si moral que cela, après tout. » Et il dit tout haut :

— J’espère que l’incendie n’a pas fait de victimes.

Le dommage bien visible causé au bâtiment ramena son esprit aux questions qu’il s’était déjà posées : Quelle planète était-ce ? Quelle sorte de gens se trouvaient dans ce bâtiment en train de brûler ? Quel était leur niveau de technologie ?

… Impossible d’y répondre tout de suite.

Gosseyn s’aperçut que le petit garçon s’était glissé sous l’arbre fumant et qu’il marchait nerveusement le long du rebord de la saillie en regardant vers le bas.

Soudain Enin l’appela.

— Je pense que nous pourrions descendre plus facilement par ici.

Il lui montra une pente neigeuse qui paraissait moins abrupte.

— J’arrive dans une minute, lui répondit Gosseyn.

Avec précaution, il empoigna la plus épaisse des branches noircies. Et la lâcha aussitôt. Elle était encore brûlante.

Il jeta de la neige sur la partie qu’il voulait saisir jusqu’à ce qu’elle se soit refroidie. Aussitôt qu’il put toucher la branche sans se brûler, il l’arracha du tronc.

La tenant à la main, il rejoignit le petit garçon et ils reprirent leur descente. Mais maintenant ils avaient cette branche qui, tant qu’elle retiendrait un peu de chaleur, leur servirait d’appareil de chauffage portatif.

Bientôt ses mains et celles de l’enfant devinrent toutes noires à force d’empoigner le bois calciné. Chacun à leur tour, ils se mettaient debout sur la partie la plus épaisse de la branche, pour se réchauffer les pieds. Aussi laissaient-ils derrière eux, sur la neige, une traînée de cendre noire.

Gosseyn essayait de ne pas la mettre en contact avec le vêtement ample qu’il portait ; mais sur ce terrain glissant, les accidents étaient inévitables.

Ils arrivèrent enfin au bord de la rivière ; c’était encourageant de sentir que la branche gardait encore un peu de chaleur. Gosseyn se dit, plein d’espoir, qu’en marchant rapidement sur un sol relativement uni, ils devraient pouvoir rejoindre la région habitée, à un kilomètre et demi de là.

C’est Enin qui lui fit remarquer l’état dans lequel ils étaient maintenant.

— Nous avons l’air de deux vagabonds, dit-il. Vous avez des taches noires sur le menton et la joue droite, et je sens que j’en ai, moi aussi.

— Surtout au front et au cou, dit Gosseyn qui ajouta : Et bien sûr, nos mains auraient bien besoin d’eau chaude.

— En avant ! lança le petit garçon.

De la neige et de la neige tout autour… et la tache sombre devant eux, plus proche maintenant… L’incendie devait être maîtrisé car ils ne voyaient plus de fumée.

Mais Gosseyn éprouvait de plus en plus de répugnance à cheminer à pas lourds sur le sol gelé, au bord de la rivière, sa branche à peine tiède à la main.

Tout au long de cette marche, les pensées de son alter ego avaient empiété sur son champ de conscience. Là-bas, dans l’espace, Gosseyn Deux était passé à l’action. Il avait déjà fait le saut jusqu’au vaisseau dzan. Et d’après les images mentales que Trois avait reçues, le système d’ordinateurs de l’immense véhicule de guerre avait automatiquement dressé un écran énergétique qui l’isolait des forces robotiques du vaisseau étranger, douées du pouvoir de contrôler les esprits.

Maintenant que ce danger était écarté, Gosseyn Deux prit le temps de remarquer l’inquiétude de Trois et il lui offrit ses conseils.

— Tu as sauvé l’enfant, même si cela n’est dû qu’à ton incapacité de contrôler ton cerveau second ; et l’information que tu nous apportes est intéressante. Il ne faut donc pas t’abandonner à des sentiments négatifs…

Deux continua à lui faire des remontrances :

— Souviens-toi que, face à un mystère, les êtres humains sont souvent inhibés, mentalement… Et il faut reconnaître que ta situation est quelque peu mystérieuse. Où es-tu ? Quel est cet étrange bâtiment ? Pourquoi ne pas poursuivre ton chemin et éclaircir ces mystères ?

— Si encore c’était la Terre… pensa Gosseyn Trois. Je me rendrais alors à la capitale pour voir ce qui s’y passe.

— Voilà une bonne idée. Surtout que tu ferais mieux de ne pas revenir ici avant que je sois parti. Il vaudrait mieux que toi et moi ne nous rencontrions pas avant d’avoir analysé ce qui arriverait à deux doubles comme nous se trouvant à proximité l’un de l’autre. Mais je pense que je ne vais pas rester très longtemps à bord de ce vaisseau…

La raison pour laquelle il venait de prendre cette décision passa d’un esprit à l’autre. Pourquoi Enro avait-il voulu être parmi les délégués envoyés à ce véhicule d’une autre galaxie ? Il avait, semblait-il, apporté avec lui un appareil de signalisation ; les unités de sa flotte avaient pu, grâce à un Distorseur, effectuer un saut jusqu’à la planète la plus proche, puis un autre qui les avait amenées à proximité d’Enro. Dans tout l’espace environnant, les vaisseaux de guerre du Plus Grand Empire étaient apparus et avaient pris leur position de combat.

Ce qui donna à réfléchir au navire ennemi car il cessa aussitôt toute agression et laissa transparaître confusion et inquiétude ; ceux qui étaient à son bord ne savaient apparemment pas, eux non plus, où ils se trouvaient.

Ils lancèrent alors un étrange message : « Engageons des pourparlers ! »

Jusqu’à ce jour, jamais les non-humains n’avaient fait la moindre concession, et cela parut suspect aux Dzans. Mais Gosseyn Deux était partisan des négociations.

— Aussi, dit-il, protège le petit garçon et garde-toi bien. J’en ai parlé à la reine Strala et, crois-moi, elle est vraiment soulagée de savoir que tu es avec son fils.

Gosseyn Trois, tout en marchant, en glissant parfois, et en manipulant la grosse branche de manière à ce qu’elle ne heurte pas l’enfant, considéra les conséquences que pouvait avoir la gratitude de la jeune mère, sans bien savoir quel sentiment il éprouvait.

— On dirait, monsieur mon alter ego, que je vais être le premier Gosseyn à entrer dans la chambre d’une femme pour y faire autre chose qu’y dormir, dit-il.

La réponse silencieuse de Gosseyn Deux fut plutôt imprégnée de philosophie :

— Il se trouve simplement que la femme qui m’est destinée n’est pas encore entrée dans ma vie. Comme tu le sais, Leej et Patricia ont, toutes deux, le cœur occupé ailleurs.

Gosseyn Deux poursuivit, dans la même veine spéculative :

— Lorsque cette situation sera entièrement résolue, nous prendrons peut-être plus clairement conscience de notre destinée ultime. Quant à toi, sauve le fils… et tu auras la mère.

Cheminant toujours le long de ce rivage glacé, sur un monde qui pouvait bien être la Terre, Gosseyn Trois dit :

— Ne nous occupons pas de notre futur lointain. Je suis dans une situation dont je voudrais sortir parce que j’ai les pieds gelés et que le froid me pénètre jusqu’à la moelle des os. Après avoir analysé l’état de mon cerveau second, je pense qu’en me concentrant et en évitant de penser à d’autres lieux, je pourrais aller où je veux.

La ferme détermination qui dynamisait son esprit dut traverser les années-lumière car l’adieu de son alter ego lui parvint ; et c’était simplement :

— Bonne chance, Trois !

Pour se protéger de toute inhibition mentale face au mystère, Gosseyn choisit une partie du sol gelé, et son cerveau second en prit la photographie. Ainsi, à n’importe quel moment ultérieur, il pourrait revenir à cet endroit pour y reprendre sa marche. Et dans ce cas, il prendrait la précaution de s’habiller chaudement, ça oui !

Il envoya un dernier commentaire à son alter ego.

— Je pense que je peux accepter le mystère que représente ce bâtiment qui m’attend. Et je suppose que je peux aussi surmonter le regret que j’éprouve de n’avoir pu rencontrer l’un des prisonniers qui se trouvent à bord du vaisseau de guerre dzan, le premier non-humain dont nous ayons entendu parler, malgré toutes nos pérégrinations ! Quoique Breemeg dise qu’ils sont presque humains… Mais même s’il en est ainsi, il s’agit là d’un événement extraordinaire. Il faut donc que j’accepte ces deux mystères car, pour le moment, j’ai de plus en plus froid ; et il va bientôt faire nuit. Par conséquent…

La fin du Non-A
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